Solidarité au Peuple Corse

Solidarité au Peuple Corse

Solidarité au Peuple Corse 1080 1080 Stefano Aggravi

Voilà mon allocution au cours de la séance du Conseil régional du 12 mai dernier concernant la motion Solidarité au peuple Corse et engagement des Présidents du Conseil et du Gouvernement afin de proposer la Vallée d’Aoste comme “terrain neutre” où organiser des entretiens pour le développement de l’autonomie corse.

« La Corse n’est pas un département français. C’est une nation qui a été conquise et qui renaîtra »

Voilà, au cours du 1914, la première demande moderne d’autonomie pour la Corse est lancé par la revue politique et culturelle A Cispra. Puis, en 1923 c’est avec la création du Partitu Corsu d’Azione, animé par Petru Rocca, qui deviendra ensuite le Partitu Corsu Autonomista, qu’on demande la reconnaissance du peuple et de la langue corse et la réouverture de l’Université de Corse (situé dans l’ancienne capitale Corte, Corti en langue corse).

La guerre d’Algérie

Mais c’est au cours des temps modernes de l’après-guerre que les choses changent. La guerre d’Algérie fut un événement déterminant pour l’histoire de la Corse car à la suite des Accords d’Evian (1962) l’île reçoit plus de 17.000 rapatriés d’Algérie (c’est l’exode des Pieds-noirs). 

Voilà que face à ce phénomène en 1974, à Aleria, des militants de l’Action pour la Renaissance Corse (ARC) prennent en otage une cave viticole détenue par un français d’Algérie: l’objectif de cette occupation était de dénoncer l’accaparement des terres par les pieds-noirs et exiger une “corsification” de l’économie de l’île. Mais, à la suite de ces faits, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Michel Poniatowski, décide d’envoyer l’armée pour déloger les militants de l’ARC: voilà le premier pas de la nouvelle lutte corse. 

La naissance du FLNC

En 1976, des militants nationalistes forment le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), pour revendiquer leur indépendance vis-à-vis de l’État français. L’organisation orchestre une série d’attentats sur l’île et sur le continent. Cette violence est principalement déployée contre des biens matériels, à travers des plastiquages, visant des bâtiments publics et des propriétés privées. 

Mais au cours des années, les attentats se multiplient et plusieurs groupes dissidents émergent, certains plus violents et radicaux. Enfin, le 6 février 1998 la résistance violente atteint son point culminant: Claude Erignac, préfet de Corse depuis deux ans, est assassiné en plein cœur d’Ajaccio (Corse-du-Sud), de plusieurs balles dans le dos. 

L’enquête piétine jusqu’en mai 1999, quand sont arrêtés les membres du groupe suspecté de cet assassinat. Lors des interrogatoires, l’un des six hommes qui sera condamné donne les noms de plusieurs complices, dont celui qu’il désigne comme étant le tireur: Yvan Colonna, alors membre d’A Cuncolta Naziunalista (l’organisation publique du Front de Libération Nationale Corse).

Il ne s’agit pas de la fin de l’histoire

Puis, le 25 juin 2014 après quarante ans de “lutte de libération nationale” le FLNC annonce de déposer les armes. Dans son communiqué, l’organisation expliquait : « Il ne s’agit pas de la fin de l’histoire. Au contraire. Par ce geste d’aujourd’hui nous voulons offrir des perspectives nouvelles à notre marche vers la souveraineté. Il est temps de passer à une phase nouvelle: celle de la construction d’une force politique pour gouverner la Corse et la conduire à l’indépendance. ».

Comme l’avait prévu l’organisation, cet épisode se termine avec la victoire des nationalistes aux élections régionales et leur installation à la tête de la collectivité territoriale. La victoire de la coalition « Pè a Corsica » marque un tournant historique dans l’histoire de l’île, portant les indépendantistes comme première force politique corse. Un ordre politique qui sera renouvelé lors des élections territoriales de 2017 et 2021.

Toutefois, ce parcours de paix à été frappé mercredi 2 mars par la découverte du corps inanimé de Yvan Colonna à la prison d’Arles, après avoir été très violemment attaqué par un de ses codétenus: Franck Elong Abe, détenu radicalisé de 36 ans qui purge une peine de 9 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Trois semaines après son agression en prison, le patriote corse est mort.

Après ce triste évènement, voilà que le slogan “Etat assassin” a de nouveau résonné dans les rues de Corte, Ajaccio, Bastia ou Calvi, lors de violentes manifestations qui ont régulièrement dégénéré en émeutes. La parenthèse de paix risque donc d’être terminé face à ce deuil. 

Une Autonomie Corse?

Toutefois, face aux tensions, au cours d’un entretien le Ministre de l’Intérieur de France Gérald Darmanin a dit “Nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie. Voilà, le mot est dit.”. Une affirmation visant à “ouvrir” un “cycle de discussions” avec “l’ensemble des élus et des forces vives de l’île”. 

Le Ministre souhaite notamment s’inspirer de la Polynésie française, qui bénéficie d’une très large autonomie “qui lui permet évidemment d’être totalement dans la République et d’avoir une spécificité particulière, notamment pour tout ce qui est économique et social”, a-t-il encore affirmé.

Voilà les réactions du coté corse.

“Un bon début, mais nous attendons des signes forts avant d’y croire”, a jugé Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. Après un échange téléphonique avec le Premier ministre, le président du Conseil exécutif de Corse a demandé “un nouveau cycle politique” pour “dire clairement qu’il y a une question corse”. Déjà, en 1991, la Corse souhaitait fixer la notion de “peuple corse” dans une décision sur le “statut de la Corse”, mais cette loi a été censurée par le Conseil constitutionnel

Trente ans plus tard, cette revendication est toujours d’actualité. 

Gilles Simeoni estime qu’il existe actuellement un problème constitutionnel: “Tout le monde sait qu’il y a un peuple corse avec sa communauté, sa langue, sa culture, son rapport à sa terre” mais “on n’arrive pas à le dire et à le reconnaître”. Pour le président autonomiste du conseil exécutif de la collectivité de Corse, “il faut qu’on invente un changement juridique et politique qui respecte aussi les principes fondamentaux de la République française”.

La motion du groupe Lega Vallée d’Aoste

On le sait bien, les élections politiques en France ont ralenti l’évolution de cette situation, dossier que en tout cas reste à la une en Corse et une question toujours ouverte sur la table de la Présidence française. Voilà donc le but de cette motion: exprimer toute notre solidarité à un peuple frère, trop souvent oublier, en lutte dès toujours pour atteindre sa souveraineté et liberté.

Vive la Corse libre!

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